Dans cette année 2012 propice aux pires scénarios de catastrophe, ou les comètes finiront par parader aux côtés des missiles nucléaires et autres joyeusetés naturelles que sont les tsunamis et les tremblements de terre, certains éditeurs qui voient là une chance de montrer tout leur savoir-faire avant la fin des temps pondent de petits bijoux, des perles vidéo ludiques remarquables qui ne se cachent pas derrière un emballage enjôleur ni même une promotion arrogante et excessive. Non ils naissent de manière silencieuse, presque anodine pour mieux nous éblouir par leur qualité artistique et leur audace. Avec de tel jeu on pourrait même se surprendre à crier, à hurler à tue-tête au milieu des gravats d’une cité ravagée par un terrible choc, s’époumoner à arracher un ultime souffle, un dernier soupir pour finalement se dire que je suis bien vivant et que le peu qui me reste d’humanité, de force dans mes muscles, de volonté à gravir de si hauts sommets je m’en servirais pour retrouver mes proches que j’ai abandonné… il y a un an déjà.
Graphismes : 7/10
La ville est plongée dans un chaos poussiéreux jaunâtre et mortel résultat d’une terrible catastrophe qui a détruit la ville et déchiqueté le paysage. L’atmosphère de désolation, de destruction est visible sur chaque plan, le moindre pas synonyme d’un effort mortel. Ce titre n’use pas d’effet tapageur et se contente de jouer avec maestria sur l’atmosphère de fin du monde.
Scénario : 8/10
Si vous avez aimé le film de John Hillcoat qui suivait le périple d’un homme et de son fils sur « La Route », ultime chemin vers une rédemption dans ce paysage de fin du monde, alors vous adorerez ce jeu qui raconte l’histoire simple d’un homme recherchant sa famille au milieu des gravats d’une cité détruite par le choc.
Bande son : 7.5/10
Discrète et vénéneuse elle peut vous endormir pour mieux vous happez dans les abîmes si par malheur vos efforts devenaient trop important pour le simple mortel que vous êtes. Les doublages en anglais sont très bons, les râles et expectorations des rares survivants instaurent un climat de mort imminente.
Jouabilité : 6.5/10
Notre héros n’a rien d’un surhomme et son périple sera difficile à tenter de gravir les gigantesques gratte-ciels aux parois vertigineuses. Chaque mouvement peut vous envoyer ad-patres et vous ne serez pas aidé par les réactions étranges de votre personnage qui panique et ne fait plus la différence entre grimper et descendre ce qui occasionne souvent des game-over rageant.
Durée de vie : 7/10
Pour un jeu vendu à 1100 points le moins que l’on puisse dire c’est que l’aventure ne se bouclera pas en quelques minutes et que votre périple de sauveteur se prolongera pendant une bonne dizaine d’heure si on tient compte des nombreuses phases d’escalades pour dénicher les items qui sont primordiales pour terminer le jeu dans les meilleures conditions. Optez illico pour le mode survie.
Violence : 8/10
Pas besoin d’effusion de sang tapageuse pour instaurer un climat de désolation et de mort. Celle-ci est omniprésente et vous suit comme une ombre mortelle.
Note finale : 8/10
Malgré son imprécision et son visuel poussiéreux, ces mécanismes qui se répètent à chaque confrontation I’am Alive arrive tout de même à nous plonger dans un monde post-catastrophe dès les premières secondes pour ne plus nous relâcher signe d’un jeu aux indéniables qualités narratives qui compensent aisément ses manquements techniques.
Promis à débarquer comme un grand blockbuster dans une classification AAA, le titre d’Ubisoft choisit une route bien plus modeste pour se dévoiler à nous et nous éblouir de manière totalement surprenante pour un jeu qui sera disponible sur le Xbox Live Arcade et le Playstation Store et sur PC pour moins de 20 francs !!! Car son prix modique ne veut pas dire jeu bâclé et sans intérêt car depuis quelques temps déjà les titres en téléchargements deviennent bien plus intéressant en terme de concept et d’imagination que les énormes licences qui nous servent à longueur d’année les mêmes concepts à coup de slogan tapageur.
Car I Am Alive est un jeu rare qui vous prend au trippe dès les premières minutes d’une cinématique surprenante qui nous plonge illico dans un univers torturé post apocalyptique, sans concession aucune ou les vestiges d’une civilisation passée et les gratte-ciels déchiquetés tentent péniblement de trouver un peu d’air au milieu de cette poussière jaunâtre et mortel. Un homme se dresse et marche seul dans cet environnement de champ de ruine et de dévastation, avec pour seul bagage quelques rations de vivre, un peu d’eau et une caméra pour filmer chaque jour ces dernières rencontres avec ce qui reste de l’humanité. Il recherche sa femme et sa fille disparue depuis le choc, ce fléau qui s’est abattu sur la ville de Haventon et que le scénario par petite bribe tentera de nous expliquer au fil de notre périple.
Ce titre se veut très proche du film « La Route », réalisé par John Hillcoat et magistralement interprété par Viggo Mortensen dans sa manière d’aborder ce scénario de fin du monde et de désespoir. Tout est gris et sans couleur ou presque comme pour noter par instant que la vie était encore présente, il y a peu. Le monde est recouvert d’une poussière épaisse, irrespirable par endroit et qui deviendra votre pire ennemi durant votre périple.
Car contrairement à d’autres titres qui vous font incarner un héros presque infatigable et capable de prouesses physiques hors norme, Adam lui est un homme tout ce qui a de plus normale. Certes il peut franchir des crevasses, des précipices, grimper au sommet de building vertigineux et même être capable par instant de se prendre pour Nathan Drake mais tous ces efforts ont un prix et quel prix !!! Chacune de vos actions physiques entraînera une chute de votre énergie qui se traduit dans le jeu par une barre blanche qui fond à une vitesse vertigineuse au moindre de vos efforts. Suspendu dans le vide, accroché à un gravas le mot danger prendra tout son sens. Vous pouvez reprendre des forces en buvant un peu d’eau ou consommer une ration de survie, voire plus rarement vous injecter une dose d’adrénaline ou planter un piton salvateur mais les vivres et les ressources sont tellement rares et parfois situées à des endroits tellement difficile d’accès que vous devrez réfléchir constamment sur le moindre de vos déplacements. Et comme la musique suit pas à pas le moindre de vos gestes, s’emballe quand vous êtes en train de puiser dans vos réserves dans un dernier effort surhumain pour agripper cette corniche synonyme de repos temporaire, pour mieux vous happer dans les abîmes lorsque la mort vous enlacera. Ce système de progression est à la fois vicieux et totalement jouissif.
En plus d’un environnement hostile qui se traduit par des phases d’escalades vertigineuses, votre héros devra aussi faire face à une populace parfois belliqueuse ou tout simplement peu encline à voire un étranger lui dérober ces maigres subsistances. Quelques armes sont disséminées dans les niveaux mais les munitions sont tellement rares que le moindre coup vaut de l’or. Et souvent il faut jouer au poker menteur et bluffer pour passer les embûches en pointant un pistolet vide, jouer sur la dissuasion et viser l’adversaire le plus dangereux du groupe et ainsi faire plier les autres et les soumettes. On peut aussi les faire reculer et les diriger vers des pièges naturels comme des crevasses, un feu. Mais attention si vous vous louper car eux réagiront très promptement et vous enverront ad pater dans les règles de l’art. Si vous parvenez à les éliminer par surprise, certains d’entre eux laisseront quelques rares items, parfois tellement minime qu’il est juste un peu d’hommage que le titre ne permette pas vraiment d’éviter la confrontation, en tout cas sur les premiers niveaux testés et que le côté infiltration soit relégué au stricte minimum. Des survivants aussi réclameront votre aide et votre générosité avec parfois quelques surprises à la clé. Mais dans ce monde chaotique, chaque action se paye cache et c’est aussi pour cela que ce jeu se veut tellement addictif.
Avec son visuel accrocheur et sa mise en scène de qualité, I Am Alive est en passe de créer une énorme surprise le jour de sa sortie programmée le 7 mars 2012. Proposant un concept de survie plutôt intéressant dans un univers noir et poussiéreux, une prise en main aisée, parfois qui rappelle celle de Enslaved sur certains aspects et un scénario passionnant qui s’étire sur 7 à 8 heures de jeu et vous avez tous les ingrédients d’un hit à consommer sans modération.
Testé sur Xbox 360 par Snake
